Via Nebula

Enumération : Liberté, Volldampf, Age of Steam, Princes of the Renaissance, Struggle of Empire, La Strada, Byzantium, Brass, Automobile, Rise of Empires, Waterloo, Gettysburg, London, A Few Acres of Snow, Via Nebula, AuZtralia. Ah ! Oui, il y a un point commun, même si c’est difficile à croire. En l’occurrence l’auteur Martin Wallace. C’est bien lui qui est à l’origine de tous ces jeux. Et c’est vrai, il y a du bon, du très bon, de l’excellent et du moins bons, même si les avis divergent. Bref, tout ceci pour dire que l’auteur de Brass, de Age of Steam est aussi celui de Via Nebula.

Des goûts et des couleurs bien entendu. Mais personnellement j’ai bien aimé Via Nebula, autant que d’autres l’ont détesté certainement. J’admets volontiers que le jeu ne casse pas trois pattes à un canard. Il n’est pas pour autant sans intérêt. A commencer par sa simplicité d’explication. Oui, j’aime bien les jeux simples, surtout ceux simples à expliquer car l’expérience m’a montré que ce que les joueuses aiment c’est jouer (le doute reste permis pour les joueurs), le reste est un peu superflu. Et finalement elles ont raison, l’important dans le jeu est de jouer.

Les deux faces d’une même pièce

Brisons là. Via Nebula s’explique facilement. Deux actions par tour parmi un choix de six, ce n’est pas le bout du monde. Et sur le fond, l’objectif final est tout aussi simple : amener des matériaux en un endroit pour y construire un bâtiment. Les matériaux à acheminer sont imposé par des cartes visibles de tous les joueurs, alors il s’agit de bien faire attention à qui prend quoi pour ne pas trop être en concurrence sur les mêmes constructions.

Dis ainsi, ça semble assez basique, trop même. C’est sans compter sur les méandres intellectuels du sieur Wallace. Lequel a concocté deux plateaux de jeu qui complexifient la simplicité, en termes de jeu s’entend. Car transporter un matériau d’un point A vers un point B, on connaît, Martin Wallace aussi, il suffit de jouer à Volldampf ou Age of Steam pour s’en rendre compte. Ce serait trop facile. Donc il y a quelques contraintes. D’abord il faut passer uniquement par des cases de prairie, totalement vides de surcroît.

Et comme si cela ne suffisait pas, le plateau est recouvert de cases de brouillard. Oui, Via Nebula. Cases qu’il s’agit de transformer en cases de prairie pour y transporter les matériaux voulus. Ainsi donc, au fur et à mesure que la partie avance, les axes de transports sont de plus en plus nombreux et faciles d’accès, mais en parallèle, les réserves de matériaux s’épuisent plus rapidement. Sauf que si c’est vrai sur le recto du plateau, ça ne l’est pas sur le verso. L’auteur a pensé à tout, même à un plateau de jeu réversible avec un côté pour apprendre le jeu, l’autre pour y jouer sérieusement.

Le côté qui change tout

En résumé, vous faites une première partie côté pile. Facile, on transporte à tout va, on construit à qui mieux mieux, excellent. On en refait une ? Oui, avec plaisir, mais sur le côté face. Et là, surprise. Les voies de communication sont plus difficiles à créer. On ne traverse plus la carte d’un coup d’un seul, il faut adapter sa stratégie, la vérité pile a un poil dans la face. Et le jeu prend d’un coup une autre saveur, sans prendre le moindre embonpoint.

Vous avez aimé Brass, vous avez adoré Age of Steam, vous avez kiffé Automobile et peut-être Via Nebula va vous rebuter. Vous n’êtes pas seuls dans ce cas. D’autres avant vous ont eu la même réaction. Via Nebula, trop simple pour un Wallace, peu d’intérêt. Ne prêtez pas trop l’oreille aux réticences de ces pisse-froid pour qui rien n’existe hors du défi intellectuel. Essayez Via Nebula. Je ne prétends pas que vous aimerez. Pour ma part, je suis fan absolu de Age of Steam et je n’ai pas boudé mon plaisir de jouer à Via Nebula, bien au contraire.

Via Nebula est un jeu de Martin Wallace, édité en français par Space Cowboys, pour 2 à 4 joueurs, durée de la partie environ 60 minutes, lecture des règles environ 20 minutes.